Retour sur les Rencontres du Carnot Qualiment à NutrEvent | 1 & 2 octobre 2024 | Lille

Le Carnot Qualiment® vous a donné rendez-vous les 1 & 2 octobre pour deux demi-journées d’échanges et de rencontres ! 

Cette année, et pour la première fois, les Rencontres Qualiment ont été hébergées au sein de l’évènement NutrEvent !

Cette journée de rencontre entreprises/chercheurs a, notamment,  été l’occasion de présenter les résultats de recherches de nos chercheurs et leurs perspectives de transfert à travers 10 conférences et 2 tables rondes sur la thématique : La recherche publique pour l’innovation en nutrition. 

Vous retrouverez ci-dessous l’ensemble des présentations de cette 11ème édition :

  • Axe 1 : La nutrition des populations spécifiques (nourrissons, sportif, personnes âgées, allergiques etc.)
    • Développement et Valorisation de probiotiques ciblant la fonte musculaire chez les séniors, par Isabelle Savary, UMR UNH
      • Avec le Carnot « Qualiment » nous avons développé, en collaboration avec les Unités MICALIS (Jouy en Josas) et UMFR (Aurillac), 2 probiotiques pour lesquels nous avons montré un effet bénéfique sur le maintien de la masse musculaire dans deux modèles précliniques différents mais représentatifs des causes potentielles du développement de la sarcopénie i.e inflammation bas bruit et mal- ou dé-nutrition au cours du vieillissement.  Le premier probiotique (un streptocoque) a limité la fonte musculaire concomitante à une inflammation systémique de basse intensité et d’origine intestinale. Le second probiotique (un lactobacille) a limité la fonte musculaire dans un modèle de dénutrition sans inflammation mais représentatif des statuts nutritionnels des séniors pré- ou fragiles. Les mécanismes d’action des 2 probiotiques, bien qu’ayant tous deux abouti à une limitation de la fonte musculaire, sont très différents : limitation de l’inflammation pour l’un et contrôle de l’insulino-résistance pour l’autre (Savary-Auzeloux et al. 2022 ; Giron et al. 2022). Nos deux probiotiques sont brevetés mais la confirmation de ces effets chez l’Homme est encore nécessaire sur les populations à risque de sarcopénie que nous avons ciblées.
    • Augmentation de l’apport protéique et maintien du plaisir à manger des résidents en EHPAD par l’enrichissement des repas. Projet AAGINOV (Développement de solutions innovantes et gourmandes pour lutter contre la dénutrition des seniors), par Céline Brasse, UMR GRAPPE
      • La lutte contre la dénutrition des personnes âgées doit allier la consommation d’aliments de haute qualité nutritionnelle et de bonne appétence. Le projet AAGINOV a développé, avec des fournisseurs d’ingrédients et des aromaticiens, des solutions d’enrichissement en macro et micronutriments et en énergie pour lutter contre la dénutrition Par leurs compositions, fonctionnalités, digestibilité élevée, un caractère gourmand apporté par la formulation aromatique et une praticité d’usage, ces solutions s’incorporent dans toutes les composantes d’un repas. La validation nutritionnelle a été confirmée en digesteur instrumenté à l’échelle du repas, notamment avec un taux de leucine libérée comparable aux recommandations pour favoriser l’anabolisme protéique chez la personne âgée. La valeur hédonique a été vérifiée en laboratoire sensoriel avec des seniors. Les repas enrichis ont été ensuite testés, en situation réelle, auprès de 116 résidants de 10 EHPAD répartis en France, et comparés à leur équivalent non enrichi. Les résultats ont montré une bonne appréciation des repas et un apport énergétique et protéique supérieurs lorsque les solutions d’enrichissement ont été utilisées.
    • Effets d’une Consommation Aiguë et Chronique des Édulcorants Non Nutritifs sur la Régulation Cérébrale du Métabolisme chez le Rat, par Julia Haydar, UMR CSGA
      • Les édulcorants non nutritifs (ENN) sont fréquemment utilisés comme substituts du sucre dans l’alimentation humaine. Cependant, leurs effets sur le métabolisme cérébral demeurent insuffisamment étudiés. Le cerveau, en détectant le glucose circulant, joue un rôle crucial dans la régulation de la glycémie, notamment à travers le contrôle nerveux de la sécrétion d’insuline et la régulation de la prise alimentaire. Cela soulève des interrogations sur l’impact des ENN sur ces processus. Alors que la consommation d’ENN continue d’augmenter, leurs effets au niveau cérébral, en particulier lors d’expositions aiguës et chroniques, restent mal compris.Cette étude vise à évaluer l’impact des ENN sur la détection cérébrale du glucose chez le rat sain. Nous émettons l’hypothèse que la consommation aiguë et chronique d’ENN entraîne des altérations dans cette détection, associée à la difficulté du cerveau à distinguer le vrai sucre calorique d’un ENN.
    • Projet MARELLE – MAstication et Rassasiement chez l’Enfant : rôle de La texture des aLimEnts, par Carole Tournier, UMR CSGA
      • Obésité et surpoids sont des problèmes majeurs de santé publique. Le comportement alimentaire se développe pendant l’enfance, impacte les habitudes alimentaires à long termes et joue un rôle sur la croissance et la santé. Des données observationnelles chez des enfants d’âge pré-scolaire suggèrent un lien entre une vitesse d’ingestion rapide (peu de mastication), une consommation énergétique accrue lors de repas et un statut pondéral plus important. Les auteurs suggèrent l’existence d’un ‘obesogenic eating style’. Ce projet vise à comprendre dans quelle mesure la texture des aliments influence le comportement masticatoire, la formation du bol alimentaire et in fine le rassasiement chez les enfants. Nous étudierons également comment le développement de la dentition, le tempérament alimentaire et les habitudes de consommation, propres à chaque enfant, influencent les résultats obtenus. Ces connaissances nouvelles permettront de s’interroger sur l’importance de considérer la texture dans la formulation des aliments destinés à cette population.
    • Projet PlantIntrest – Protéines Végétales et prévention de la santé : la restriction intermittente en acides aminés, par Julien Averous, UMR UNH
      • Parmi les stratégies nutritionnelles visant à limiter l’apparition de pathologies/physiopathologies, les restrictions alimentaires sont particulièrement intéressantes. En particulier, chez les rongeurs, il a été établi qu’une restriction alimentaire chronique en méthionine est efficace pour prévenir l’apparition de l’obésité et des maladies métaboliques associées telles que le diabète de type 2. Ces effets sont notamment attribués au FGF21, une hormone principalement sécrétée par le foie et jouant un rôle central dans la régulation du métabolisme. Cependant, la consommation à long terme d’un régime synthétique pauvre en méthionine, tel que réalisé dans les études sur les rongeurs, n’est pas concevable chez l’homme. Dans l’objectif de transférer la restriction en méthionine à l’homme, la mise au point d’une restriction intermittente prend tout son sens. Pour cela, il serait intéressant de mettre à profit les caractéristiques de protéines végétales, dont les teneurs en méthionine sont faibles, au lieu d’utiliser une alimentation à base d’acides aminés libres.
  • Axe 2 : Nouvelles méthodes pour la nutrition (exemple : digestion in vitro, organoïdes, masticateur artificiel etc.)
    • Développement d’organoïdes pour les études interactions nutrition-microbiote-santé, par Claire Cherbuy, UMR MICALIS
      • Les organoïdes sont des structures cellulaires tridimensionnels qui réplique in vitro des caractéristiques anatomiques et fonctionnelles du tissu d’origine. Ils sont obtenus de cellules souches d’un tissu prélevé chez l’homme (biopsies) ou de cellules souches pluripotentes induites (iPSC). En fonction des milieux de culture utilisés, il est possible d’orienter la différenciation vers le tissu d’intérêt, mais aussi de travailler sur des lignées d’organoïdes issus de différents individus (patients vs individus sains). Ces outils biologiques remplacent progressivement les lignées cellulaires traditionnelles, sont à la base d’avancées majeures et deviennent incontournables pour étudier la physio-pathologie humaine. Nous développons ces modèles pour mieux comprendre les interactions entre nutrition-microbiote et santé de l’hôte. Dans ce but, des organoïdes intestinaux sont générés à partir de biopsies d’individus sains et de patients où nous montrons la réponse cellulaire à différents stimuli bactériens. Récemment, pour intégrer la communication inter-tissu, nous développons d’autre types d’organoïdes à partir d’iPSC.
    • L’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour aborder la nutrition à l’ISC AgroResonance, par Guilhem Pages, UMR QUAPA
      • L’IRM est une méthode analytique permettant d’obtenir de multiples informations de manière non invasive et relativement peu utilisée en nutrition. Nous avons développé deux approches originales complémentaires en lien avec ces problématiques. La première consiste à caractériser l’état de liaison du sel avec l’aliment et sa répartition et de relier ces deux paramètres à l’intensité de la perception du goût salé. La seconde approche est basée sur l’IRM cérébrale chez le petit animal pour mettre en évidence des différences soit dans les structures d’activations, soit dans le développement de certaines pathologies, en fonction du régime alimentaire. Grâce à cette approche, nous allons par exemple caractériser les changements d’activation dans les boucles cérébrales de la récompense lors d’un régime riche en édulcorant.
    • FROMASDIG – Association d’un masticateur et d’un digesteur instrumentés pour étudier le rôle de la texture de fromages et de substituts végétaux sur le devenir de composés d’intérêts sensoriel et nutritionnel tout le long du tube digestif, par Sébastien Marze, UMR BIA
      • Notre projet propose une démarche originale basée sur l’utilisation conjointe de deux méthodes in vitro (masticateur et digesteur instrumentés) afin d’étudier dans sa globalité le rôle de la texture des aliments sur la déconstruction (fonctions biomécaniques et biochimiques de la bouche et fonction biochimique du tractus gastro-intestinal) et le devenir de différents composés d’intérêt. Afin de comprendre les différences de comportement entre des aliments d’origine animale ou végétale, des produits modèles de type fromage et « substitut végétal » (source lait de vache ou jus de soja) sont conçus. Dans le contexte de la transition alimentaire rééquilibrant les sources animales/végétales, ce travail collaboratif évaluera précisément le potentiel sensoriel et nutritionnel de chacune de ces sources tout le long du tube digestif.
    • Digestion artificielle, par Didier Dupont, UMR STLO
      • Au cours de la dernière décennie, la compréhension du devenir digestif des aliments a suscité un intérêt croissant afin de renforcer les effets possibles de l’alimentation sur la santé humaine. Idéalement, la digestion des aliments devrait être étudiée in vivo chez l’homme, ce qui n’est pas toujours possible pour des raisons éthiques et économiques. C’est pourquoi des modèles simples de digestion in vitro imitant le tractus gastro-intestinal ont été proposés comme alternatives aux expériences in vivo. Ces modèles sont de plus en plus utilisés par la communauté scientifique, malgré leurs diverses limitations à refléter pleinement la complexité du tube digestif. La présentation montrera les différents types de modèles statiques et dynamiques actuellement disponibles, leur extension à des populations spécifiques (nouveau-né, sénior), leurs avantages respectifs et leurs limites actuelles. Le travail d’harmonisation et de validation de ces modèles réalisé dans le cadre du réseau de recherche international INFOGEST sera également souligné.
    • Nos expériences de déglutition in vitro qui utilisent la technologie de la robotique molle pour développer des aliments pour les troubles de la déglutition, par Marco Ramaioili, UMR SAYFOOD
      • La texture des aliments conditionne fortement leur appréciation, mais aussi la sécurité lors de la déglutition pour les individus qui souffrent de troubles de la déglutition ou de la salivation.
        Différentes expériences in vitro, de complexité croissante, ont été développées pour étudier l’interaction entre la langue et l’aliment, la déconstruction orale et la facilité de déglutition. La technologie de la robotique molle, en particulier, permet de reproduire ces interactions avec une fidélité sans précédents.
        Reproduire in vitro les contraintes et déformations que la compression langue-palais et la péristasis orale applique à l’aliment permet de mieux adapter les propriétés rhéologiques, tribologiques et la texture de l’aliment aux besoins et aux préférences de différentes populations.

 

Contact : nadege.roche@inrae.fr et gaelle.beral@inrae.fr